Législatives: les visages défaits chez Macron, la fête chez Mélenchon et Le Pen
Visages fermés, des militants macronistes assistent dépités aux résultats des législatives au QG parisien de LREM, pendant que des cris de joie retentissent pour la gauche Nupes dans une salle de concert parisienne et chez les militants RN dans un boulodrome d'Hénin-Beaumont, fief de Marine Le Pen dans le Pas-de-Calais.
"C'est une grosse déception", reconnaît Clément Leduc Spaak, un militant macroniste de 35 ans, des trémolos dans la voix. "L'union de la gauche a été faite", c'est "un coup de communication", juge-t-il.
Il y a peu de monde, l'ambiance est à l'abattement. Patrick Bonneau, 62 ans, essaye tant bien que mal de rester positif. Le camp présidentiel est loin de la majorité absolue, mais termine malgré tout en tête, avec entre 230 et 250 sièges selon les sondages. "Ce n'est pas une défaite, c'est une déception. On va devoir composer avec d'autres partis, c'est ça la démocratie", commente-t-il.
Soulagement tout de même pour les ministres Stanislas Guerini (Fonction publique) et Clément Beaune (Europe), élus de justesse à Paris. "Nous avons gagné à l'arraché", dit M. Beaune devant ses soutiens au Bota Bastoch', un bar du 12e arrondissement de la capitale.
"Ca met du baume au coeur dans le contexte national", souffle Isabella Salapete, une militante de 18 ans "très émue".
Du côté de Nupes, militants et sympathisants ont fait la queue en musique pour rentrer à l'Elysée Montmartre, une salle de concert du 18e arrondissement de Paris. "Pour l'honneur des travailleurs, et pour un monde meilleur, même si Macron le veut pas, on est là, on est là", chantent-ils.
Une clameur envahit la salle à l'annonce des résultats, qui créditent de 150 à 200 députés l'alliance de gauche scellée derrière Jean-Luc Mélenchon.
Peu après 21H00, Jean-Luc Mélenchon sort parler à des centaines de partisans rassemblés à l'extérieur. "J'espère que vous êtes à fond dedans. Tout d'un coup, vous avez senti au bout des doigts que ça picote? C'est que l'histoire vous passe au bout des doigts", lance-t-il. Toute la foule reprend en chœur : "ça picote, ça picote!".
- "Bloquer" -
"Aujourd'hui, il n'y a pas de majorité absolue pour Emmanuel Macron, c'est une bonne nouvelle, il ne pourra pas faire ce qu'il veut et devra faire des concessions", savoure Théophile Nemoz, un jeune militant de 24 ans.
Mais "malheureusement le RN est très haut, et on sait que le président va devoir faire une coalition avec les LR", regrette cet ingénieur.
En fin de soirée, les militants toujours très remontés chantent "joyeux anniversaire " quand apparaît Amélie de Montchalin à l'écran. La ministre fêtait ses 37 ans ce dimanche, le jour de sa défaite face à Jérôme Guedj.
A 200 km de Paris, autour de Marine Le Pen à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), le Rassemblement national a installé des sièges de mariage drapés de blanc dans un boulodrome de la ville.
A 20H00, avec l'annonce d'une percée historique du parti d'extrême droite à l'Assemblée nationale, entre 75 et 100 sièges, c'est l'explosion de joie: les "Vive Marine" et "Macron démission !" retentissent.
"Nous sommes ravis, ravis, ravis, c'est un score inimaginable, on n'y pensait même pas, c'est une vraie victoire. On espère maintenant faire opposition au maximum à Emmanuel Macron, on va tout faire pour bloquer ses décisions gouvernementales", prévient David Unilowski, un médiateur social de 51 ans.
Patricia, une aide soignante de 61 ans, est "fière que les Français nous aient accordé leur confiance. Maintenant, on va faire en sorte de maintenir cette confiance (…) Le RN va défendre le pouvoir d'achat, défendre la sécurité. Il faut se battre pour protéger les Français", estime-t-elle.
"On pourra aussi donner notre avis, que tout le monde ne soit plus du même coté, on attend maintenant des députés qu'ils aident à améliorer le quotidien de chaque français", souligne Joëlle Meyfroidt, une employée municipale de la ville dirigée par le RN Steeve Briois.
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D.Torres--ESF