Au pied du mur, Macron consulte les partis et Borne se montre "au travail"
A la manoeuvre: en consultant les responsables des partis pour trouver des "solutions constructives" afin d'empêcher un blocage politique en l'absence de majorité au Parlement, Emmanuel Macron a voulu mardi reprendre l'initiative.
La Première ministre Elisabeth Borne recevra quant à elle "la semaine prochaine les présidents de groupes fraîchement élus à l'Assemblée nationale", a annoncé la porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire, à l'issue d'une "réunion de travail" à Matignon avec l'ensemble des ministres.
La cheffe du gouvernement "est au travail, elle prépare les prochains jours avec le gouvernement, l'ensemble des décrets que nous devons sortir", a souligné Mme Grégoire.
En poste depuis à peine plus d'un mois, Mme Borne a été confirmée jusqu'à nouvel ordre par le chef de l'Etat, qui a refusé en début de matinée sa démission "afin que le gouvernement puisse demeurer à la tâche", selon l'Elysée.
"La Première ministre a plaidé pour rester afin d'avoir les outils pour faire face à la situation et aux urgences des Français", a expliqué son entourage. "Il y a beaucoup de décrets à prendre dans les jours à venir, dont la revalorisation du point d'indice, la deuxième phase de Parcoursup... On ne peut pas se permettre d'avoir un gouvernement qui ne gère pas cela".
"Nous sommes là pour gouverner, nous avons été élus par le peuple français pour gouverner, nous gouvernons sous l'autorité d'Elisabeth Borne et du président de la République", a martelé à sa sortie de Matignon le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.
- "Union nationale" -
Mais, signe que c'est bien le chef de l'Etat qui reste en premier à la manœuvre, l'Elysée a rappelé que c'est lui qui va d'abord "mener les consultations politiques nécessaires en recevant les chefs de parti susceptibles d'avoir un groupe à l'Assemblée nationale afin d'identifier les solutions constructives envisageables au service des Français".
A l'issue d'une discussion qualifiée de "franche", le patron de LR Christian Jacob a répété que le parti de droite refusait d'entrer dans "toute logique de pacte" même s'il ne sera "jamais" dans "le blocage des institutions".
Lui succédant, le socialiste Olivier Faure a expliqué à Emmanuel Macron que les socialistes étaient "disposés" à "avancer" si le gouvernement prenait des mesures sur le pouvoir d'achat, notamment une hausse du Smic.
Le patron du MoDem, François Bayrou, pilier de la majorité, a pour sa part appelé à "s'approcher aussi près que possible de l'union nationale". "C'est en travaillant le plus possible ensemble dans des débats respectueux, ouverts - même s'ils sont chauds - que nous ferons, au fond, ce que les citoyens attendent de nous", a encore fait valoir le leader centriste.
Devaient se succéder encore dans l'après-midi Marine Le Pen (RN) et Fabien Roussel (PCF), avant Julien Bayou (EELV) et les Insoumis Adrien Quatennens et Mathilde Panot mercredi.
- "Le fruit qui tombe de l'arbre" -
Élue de justesse dimanche dans le Calvados, Elisabeth Borne, qui n'assiste pas aux entretiens avec les partis politiques, a été fragilisée par la gifle électorale reçue dimanche et dans l'opposition plusieurs élus, de LFI à la LR Valérie Pécresse, ont réclamé sa démission.
"Cette femme n'a aucune légitimité", a affirmé mardi Jean-Luc Mélenchon, en l'appelant à se soumettre à un vote de confiance des députés. "Nous sommes en train de perdre notre temps avant qu'elle s'en aille", a-t-il ajouté.
"Je trouve assez curieux d'entendre un homme qui n'a pas été élu par les Français (...) donner des leçons de légitimité à une femme qui est Première ministre et qui a été élue par les Français", lui a répondu le ministre des Compte publics, Gabriel Attal, rappelant que la majorité présidentielle "a reçu le plus grand nombre de suffrages et le plus grand nombre de sièges à l'Assemblée nationale" et que Jean-Luc Mélenchon ne s'était pas représenté cette année.
Au Palais Bourbon, ce sont les députés LFI qui sont arrivés groupés en premier mardi matin, avant les parlementaires d'EELV et ceux du PS.
Ils ont tenté d'éteindre la polémique de la veille créée par la fin de non-recevoir adressée par les partenaires de LFI au sein de la Nupes à la proposition de Jean-Luc Mélenchon de bâtir un groupe parlementaire unique afin d'apparaître comme la première opposition à Emmanuel Macron.
Quitte à ce que la deuxième force au Palais Bourbon revienne au Rassemblement national. Marine Le Pen a d'ailleurs prévenu de sa détermination à "mettre en œuvre le blocage de toutes les réformes (...) nocives, au premier rang desquelles la retraite à 65 ans".
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A.Fernández--ESF