Des milliers de personnes disent "non" à l'Otan à Madrid, ville hôte de son prochain sommet
Plusieurs milliers de personnes ont manifesté dimanche midi dans le centre de Madrid pour exiger la dissolution de l'Otan et réclamer la paix, à deux jours de l'ouverture du prochain sommet de l'Alliance atlantique dans la capitale espagnole.
Un long cortège constitué de convois regroupant des militants de gauche, anticapitalistes, altermondialistes, écologistes, féministes, communistes ou encore les mouvements comme "Fridays for Future" et "Extinction Rébellion" a défilé dans le calme et sous importante escorte policière afin de dénoncer la tenue de la prochaine réunion de l'organisation à Madrid du 28 au 30 juin.
Il n'y avait aucun membre du gouvernement de la gauche radicale, membre de la coalition gouvernementale, à l'exception du communiste Enrique Santiago, le secrétaire d'Etat à l'Agenda 2030 (chargé de la mise en œuvre des objectifs de développement durable), les autres ministres et figures de Podemos préférant faire profil bas à deux jours du sommet.
Parmi les slogans scandés par les manifestants est souvent revenu "Non à la guerre, non à l'Otan !", tandis que plusieurs hélicoptères survolaient le cortège sur l'une des principales avenues de la capitale.
Sur les pancartes, on pouvait lire : "Faites la paix, pas la guerre", "Assez de dépenses militaires, donnez aux écoles et aux hôpitaux" à côté d'une image d'une femme pleurant tirée du tableau de Pablo Picasso, Guernica, l'une des toiles les plus célèbres au monde, devenue un plaidoyer contre la guerre.
D'autres encore clamaient "nous ne payons pas pour vos guerres" ou "Dissolution des armées, Décroissance, Pas de guerre entre les peuples, Pas de paix entre les classes (sociales)".
David Llorente, 45 ans, qui travaille dans une association explique être présent pour protester contre "l'Otan, créée pendant la guerre, au service de l'impérialisme américain, qui continue d'exister sans avoir permis de maintenir la paix".
Pour ce militant anticapitaliste, l'Alliance atlantique fait la "promotion de la guerre, du commerce des armes" et "la politique extérieure de l'Espagne augmente les frais militaires au lieu d'augmenter les dépenses sociales et sanitaires".
Virginia Cadiz, 74 ans, veut elle aussi protester "quarante ans après, de nouveau, contre l'Otan : ils nous promettaient qu'on allait pas y entrer", explique-t-elle, faisant allusion à la date d'entrée de l'Espagne dans l'Alliance au début des années 1980.
Pour cette femme qui se définit comme antimilitariste, ce sommet n'est qu'"argent, armes et morts".
Selon les organisateurs, 30.000 personnes ont pris part à la manifestation tandis que la préfecture de Madrid a évoqué seulement 2.200 personnes.
Hôtesse du sommet de l'Otan la semaine prochaine, Madrid sera placée sous haute sécurité avec, au total, 10.000 agents des forces de l'ordre déployés pour cette réunion, à laquelle participeront notamment le président américain Joe Biden, son homologue français Emmanuel Macron et les chefs des gouvernements du Royaume-Uni et de l'Allemagne, Boris Johnson et Olaf Scholz.
Ce sommet sera dominé par la question de la menace russe et par l'invasion de l'Ukraine, déclenchée le 24 février par le président Vladimir Poutine.
E.Abril--ESF