El Siglo Futuro - "Années de plomb": qui sont les dix Italiens condamnés pour terrorisme que l'Italie réclame à la France ?

Madrid -
"Années de plomb": qui sont les dix Italiens condamnés pour terrorisme que l'Italie réclame à la France ?
"Années de plomb": qui sont les dix Italiens condamnés pour terrorisme que l'Italie réclame à la France ? / Photo: © AFP/Archives

"Années de plomb": qui sont les dix Italiens condamnés pour terrorisme que l'Italie réclame à la France ?

Dix anciens militants d'extrême gauche, installés en France depuis parfois plus de 30 ans, sont réclamés par l'Italie pour des actes de terrorisme commis lors des "années de plomb" en 1970-80. La cour d'appel de Paris doit rendre sa décision mercredi dans leurs procédures d'extradition.

Taille du texte:

- Six anciens des Brigades rouges

. Marina PETRELLA: née à Rome le 23 août 1954, cette ex-dirigeante de la "colonne romaine" des Brigades rouges devait être extradée fin 2008, mais le président Nicolas Sarkozy avait bloqué le décret pour motif de santé. Se laissant mourir, cette assistante sociale, en France depuis 1993, était alors hospitalisée en psychiatrie. "Ils n'emporteront que mon cadavre", avait-elle dit à son mari.

Incarcérée en Italie en 1979-1980 puis de 1982 à 1986, elle a été condamnée à perpétuité, notamment pour complicité du meurtre du commissaire Sebastiano Vinci, le 19 juin 1981 à Rome, ainsi que pour la tentative d'enlèvement d'un vice-préfet de police en 1982, Nicola Simone.

. Roberta CAPPELLI, née à Rome le 5 octobre 1955. Cette brigadiste a été condamnée à la perpétuité, notamment pour "association à finalité terroriste" et pour des "homicides aggravés". Elle a été jugée coresponsable des meurtres à Rome du général Galavigi, du policier Michele Granato et du commissaire Vinci entre 1979 et 1981.

La justice française s'était prononcée en faveur de son extradition en 1995, mais le décret n'a jamais été appliqué par le président Jacques Chirac.

Réfugiée en France en 1993 et mère d'un fils, elle est devenue éducatrice spécialisée.

. Sergio TORNAGHI, né à Milan le 24 mars 1958. Cet ancien brigadiste, membre de la colonne milanaise Walter Alasia, est accusé d'avoir joué un rôle dans le meurtre d'un dirigeant de son usine à Milan, Renato Briano, en novembre 1980. Il a été condamné à la perpétuité en son absence.

En 1986 et en 1998, la justice française a deux fois émis un avis défavorable à son extradition. Père de deux enfants, ce chef de projet informatique à la retraite vit en Dordogne, dans le sud-ouest de la France.

. Giovanni ALIMONTI, né à Rome le 30 août 1955. Condamné, entre autres, pour la tentative d'enlèvement du vice-préfet Nicola Simone, comme Marina Petrella. Il doit purger encore 11 ans et demi de prison pour "participation à une bande armée" et "association à finalité terroriste".

Réfugié en France depuis 1983, il est père de deux filles et grand-père. En 1992, la justice française avait émis un avis favorable à son extradition, mais aucun décret n'avait été signé.

. Enzo CALVITTI, né à Mafalda (Molise, centre du pays) le 17 février 1955. Lui aussi membre des Brigades rouges, il a été condamné par contumace à 18 ans de réclusion criminelle pour la tentative d'enlèvement du directeur adjoint de la division antiterroriste de la police à Rome en 1982. En 1990, la justice française avait accepté son extradition, mais aucun décret n'avait été signé.

Marié, il est retraité après avoir été psychothérapeute.

. Maurizio DI MARZIO: né le 6 juillet 1960, cet ancien responsable des Brigades rouges, a été condamné à 14 ans de réclusion, notamment pour son rôle, avec Marina Petrella et Giovanni Alimonti, dans la tentative d'enlèvement du vice-préfet Simone. Après environ six ans en prison, il s'est installé en France au début des année 1990. Ce restaurateur parisien avait été interpellé en 1994, mais la procédure d'extradition n'est pas allée au bout.

Il est aujourd'hui réclamé par l'Italie pour exécuter un reliquat de peine de cinq ans et neuf mois pour l'attaque armée d'un fourgon blindé le 30 juillet 1981, revendiquée par les Brigades rouges.

- Quatre ex-membres d'autres groupes armés d'extrême gauche -

. Narciso MANENTI, né le 22 novembre 1957 à Telgate, près de Bergame (nord). Membre des "Noyaux armés pour le contre-pouvoir territorial", il a été condamné à la perpétuité pour le meurtre d'un gendarme, Giuseppe Guerrieri, en mars 1979 à Bergame.

Réfugié en France depuis près de 40 ans, il a exercé plusieurs métiers - décorateur, gérant d'une société de communication, homme à tout faire dans un théâtre -. Marié à une Française, il est père de trois enfants et grand-père. En 1987, la justice française avait refusé son extradition.

. Giorgio PIETROSTEFANI, né le 10 novembre 1943 à L'Aquila (Abruzzes, centre). Ancien dirigeant du mouvement marxiste ouvriériste "Lutte continue", il a été condamné à 14 ans de réclusion pour son rôle dans le meurtre en 1972 à Milan du commissaire Luigi Calabresi à Milan. Greffé du foie, son état de santé nécessite d'être hospitalisé tous les trois mois.

Pour le fils du commissaire, le journaliste italien Mario Calabresi, "les zones de non-droit ne peuvent exister pour qui a tué mais je ne parviens pas à éprouver de la satisfaction à voir une personne vieille et malade mise en prison si longtemps après" les faits.

. Luigi BERGAMIN: cet Italien né en août 1948 à Citadella, près de Padoue (nord) est un ancien militant du groupe Prima Linea. Exilé en France depuis 1982 et devenu traducteur, il est réclamé pour son implication dans l'organisation du meurtre d'un agent pénitentiaire, Antonio Santoro - tué à Udine (nord-est) par Cesare Battisti en juin 1978. Son extradition avait été refusée au début des années 1990.

. Raffaele VENTURA: né le 25 octobre 1949, ce réalisateur de 71 ans a été condamné à 24 ans de prison pour son implication dans le meurtre d'un policier, Antonio Custra, en mai 1977 à Milan. Ancien membre des "Formations communistes combattantes" selon la justice italienne, il affirme au contraire avoir été membre du mouvement "autonomie ouvrière", qui "n'a jamais préconisé la lutte armée". Naturalisé français en 1986, il a renoncé à la nationalité italienne.

L.Balcazar--ESF