Kiev relativise le risque d'une invasion russe après un avertissement de Washington
L'Ukraine a appelé dimanche à se méfier des "prévisions apocalyptiques" en jugeant que les chances de trouver une "solution diplomatique" avec Moscou restaient "considérablement supérieures" à celle d'une "escalade" militaire, après les avertissements américains d'une possible invasion russe de grande échelle.
"Ne faites pas confiance à des prévisions apocalyptiques", a écrit sur Twitter le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba.
"L'Ukraine a une armée puissante, un soutien international sans précédent" et "est prête à tout développement", a-t-il assuré. "C'est à l'ennemi d'avoir peur de nous".
Dans la même veine, Mykhaïlo Podoliak, conseiller du chef de l'administration présidentielle ukrainienne, a estimé dimanche que "les chances de trouver une solution diplomatique" à la crise restaient "considérablement supérieures à la menace d'une nouvelle escalade", dans des commentaires écrits remis à l'AFP par le service de presse de la présidence.
Ces déclarations interviennent peu après l'avertissement du Renseignement américain selon lequel la Russie a déjà 70% du dispositif nécessaire à une invasion à grande échelle de l'Ukraine et pourrait disposer de capacités suffisantes, soit 150.000 hommes, pour lancer une offensive dans deux semaines, selon des responsables américains.
Kiev tente de relativiser le risque d'une attaque imminente russe notamment pour protéger sa fragile économie, encore affaiblie par le risque d'une invasion.
Si le Kremlin choisit l'option la plus radicale, il pourrait encercler Kiev, la capitale ukrainienne, et renverser le président Volodymyr Zelensky en 48 heures, selon ces responsables.
Le conflit aurait un coût humain considérable avec le risque de provoquer la mort de 25.000 à 50.000 civils, 5.000 à 25.000 soldats ukrainiens et 3.000 à 10.000 soldats russes. Il pourrait aussi causer un afflux d'un à cinq millions de réfugiés, principalement vers la Pologne, selon la même source.
- "Pression psychologique" -
Les premiers contingents de soldats américains sont arrivés samedi et dimanche en Pologne, où le président américain Joe Biden a décidé d'envoyer des renforts pour défendre les pays de l'Otan "contre toute agression", en plein ballet diplomatique visant à convaincre Moscou de retirer ses troupes massées aux frontières de l'Ukraine.
Les Etats-Unis, qui ont déployé 3.000 militaires en renfort en Europe, n'ont pas envoyé ces troupes "pour déclencher une guerre" contre la Russie en Ukraine, a assuré dimanche le conseiller de la Maison Blanche pour la sécurité nationale, Jake Sullivan.
La Russie dément toute velléité d'invasion, affirmant vouloir seulement garantir sa sécurité. Moscou a également annoncé des "manoeuvres militaires" conjointes avec le Belarus, où elle a massé plusieurs bataillons au nord de Kiev et dans la région de Brest, non loin de la frontière polonaise.
Pourtant, selon les conclusions du Renseignement américain, la Russie continue d'amasser un dispositif militaire considérable autour de l'Ukraine.
Il y a deux semaines, 60 bataillons de l'armée de terre étaient positionnés au nord, à l'est et au sud de l'Ukraine, notamment en Crimée annexée par Moscou en 2014. Vendredi, il y en avait 80 et 14 autres sont en transit en provenance du reste de la Russie, notamment de Vladivostok, dans l'Extrême-Orient russe.
Quelque 1.500 soldats des forces spéciales russes sont arrivés il y a une semaine dans la zone frontalière de l'Ukraine, alors qu'une importante force navale russe est réunie dans la mer Noire, équipée notamment de cinq véhicules amphibie.
L'armée russe a également positionné autour de l'Ukraine des avions de combat, des bombardiers, des missiles et des batteries anti-aériennes.
La Russie masse des troupes à la frontière ukrainienne "depuis le printemps dernier", mais pour "effectuer une pression psychologique" elle procède à des "rotations massives", a de son côté observé M. Podoliak.
"Combien de temps cette activité russe sera-t-elle maintenue, et quel objectif poursuit-elle ? Seul le Kremlin peut avoir la réponse exacte", a-t-il ajouté.
A.Pérez--ESF