Réélection en vue pour le populaire chef de l'Etat allemand
Si la popularité du chancelier allemand Olaf Scholz commence déjà à pâlir, celle du chef de l'Etat Frank-Walter Steinmeier est elle à son zénith: il s'apprête à être réélu dimanche à ce poste incarnant la conscience morale du pays.
Dans cette fonction largement protocolaire, l'ancien chef de la diplomatie s'est taillé une réputation d'ardent défenseur des valeurs démocratiques nationales mises à mal par l'extrême-droite et la pandémie ces dernières anées.
Il ne fait guère de doute qu'il décrochera ce second et dernier mandat: le populaire social-démocrate de 66 ans à la crinière blanche et au sourire à fossettes a le soutien de la coalition gouvernementale menée par son parti, allié aux Verts et aux Libéraux, ainsi que d'une grande partie des conservateurs.
Trois autres candidats sont en lice, proposés par la gauche radicale Die Linke, l'extrême-droite, et un petit parti d'origine bavaroise.
Le président sera élu en début d'après midi à bulletin secret et sans débat préalable par l'assemblée fédérale formée des députés du Bundestag et d'un nombre équivalent de délégués désignés par les régions et les partis, soit 1.472 votants.
La plupart de ces derniers sont des représentants politiques locaux, mais des personnalités publiques sont aussi désignées pour voter, comme cette année une star du Bayern de Munich Leon Goretza, à l'initiative du SPD.
En raison de la crise sanitaire, ils ne se réuniront pas au Reichstag comme le veut la tradition, mais dans un vaste bâtiment moderne face à la chancellerie.
- "Nous sommes un pays" -
Diplomate de carrière jugé par certains trop pâle pour la fonction, Frank-Walter Steinmeier a gagné en carrure au fil de ses cinq dernières années.
Son mandat a été marqué par les attaques répétées contre la démocratie, après l'entrée de l'extrême-droite au Bundestag en 2017, en passant par des attentats meurtriers racistes ou encore l'émergence d'une mouvance conspirationniste en partie violente opposée aux restrictions pour lutter contre la pandémie.
Cet homme avenant issu d'un milieu ouvrier s'est fait le chantre du dialogue -il organise régulièrement des rencontres avec des concitoyens- et du maintien de la cohésion sociale.
"Nous n'avons pas à tous être du même avis dans une démocratie. Mais nous sommes un pays et nous voulons encore vivre ensemble après la pandémie (...)", a-il encore déclaré fin 2021.
Ancien bras droit du chancelier Gerhard Schröder, il a servi deux fois sous des gouvernements Merkel en tant que ministre des Affaires étrangères en 2005 puis 2013, malgré son humiliante défaite aux élections législatives de 2009.
En tant que chef de l'Etat, il a aussi mis tout son poids dans la balance pour pousser son parti plus que réticent à nouer en 2018 une nouvelle coalition avec Angela Merkel, après l'échec des négociations entre conservateurs, Verts et Libéraux.
Marié à une juge rencontrée pendant ses études de Droit, il s'est attiré la sympathie de l'opinion publique en se retirant provisoirement de ses fonctions politiques en 2010 pour donner un rein à son épouse, alors gravement malade.
V.Martin--ESF