Transat Jacques-Vabre: épopée anniversaire et mouvementée vers la Martinique
La "Route du café" souffle ses trente bougies... dans la tempête ! Près de cent voiliers partent dimanche du Havre en direction de la Martinique, à l'occasion de la Transat Jacques-Vabre, course en double créée en 1993, pour une édition bousculée par la météo.
"Il y a des conditions musclées. De la pluie, beaucoup de vent, une mer bien formée et des gros coefficients de marée. Tout cela mis bout à bout, on sait déjà que les premiers jours vont être agités", détaille le skipper Armel Le Cléac'h, vainqueur du Vendée Globe en 2017.
A la barre du Maxi Banque Populaire, il est l'un des favoris de la course en Ultim, classe composée de cinq multicoques de 32 mètres de long, capables d'avaler les 7.500 milles nautiques (13.890 km) du parcours vers Fort-de-France en seulement quatorze jours.
"Ce sont les plus beaux bateaux pour faire une transatlantique et la concurrence est féroce. On est incapable de dire quel bateau est le plus performant", assure Erwan Israël, 43 ans, co-skipper de Charles Caudrelier sur le Maxi Edmond de Rothschild.
- Parcours raccourci -
En raison du vent important annoncé au moment du coup de canon (dimanche à 13h05), les géants des mers, véritables stars des pontons, sont sortis du bassin du village de course dès vendredi pour pouvoir se rendre sur la ligne plus facilement.
Autre moment phare modifié par la météo, le passage des voiliers le long de la falaise d'Étretat, où sont habituellement massés des milliers de passionnés. "Je ne suis même pas sûr qu'on aurait pu faire tenir une bouée à aller virer dans ces conditions (...) la zone aurait ressemblé à un chaudron", explique le directeur de course Francis Le Goff. Ce parcours côtier a été raccourci pour atteindre le large plus rapidement.
Et grande première dans l'histoire de la course, les monocoques Class40, bateaux les plus fragiles de la flotte, devront faire étape à Lorient mercredi pour éviter une grosse dépression attendue dans le Golfe de Gascogne.
Ils devraient repartir à une date ultérieure, qui n'a pas encore été communiqué par les organisateurs. "Ce sont des conditions où nous allons être en limite d'utilisation de nos bateaux", commente la jeune Amélie Grassi, qui part sur un Class40 (La Boulangère Bio) avec Anne-Claire Le Berre.
- Dalin forfait -
Pour cette 16 édition, l'organisation avait imaginé quatre parcours différents, plus ou moins longs, pour les quatre classes de bateaux inscrites (Ultim, Ocean Fifty, Class40, Imoca). "L’objectif est qu'ils arrivent en même temps, avance le directeur de course, autour du 12 novembre".
Avec leur arrêt à Lorient, les Class40 sont d'ores et déjà hors jeu pour cette arrivée groupée, mais pas les Imoca, célèbres monocoques du Vendée Globe. A un an d'un nouvel "Everest des mers", plusieurs skippers de la classe promettent d'ailleurs une "belle bagarre", malgré les conditions.
"On va avoir à l'eau une flotte très complète, quasiment celle du Vendée à deux ou trois bateaux près", dit Thomas Ruyant, vainqueur de la dernière édition de la Transat Jacques-Vabre, en 2021.
Figurant parmi les favoris au départ, le Normand Charlie Dalin (Macif) a déclaré forfait vendredi pour "raison médicale". Deuxième du dernier Vendée Globe et de la Route du Rhum, le skipper havrais âgé de 39 ans, avait remporté la Transat Jacques-Vabre dans la catégorie Imoca en 2019.
Mais même sans lui, la concurrence est relevée chez les Imoca. Le duo Yoann Richomme et Yann Eliés (Paprec-Arkea) ou encore Jérémie Beyou et Franck Cammas (Charal) ont les voiliers et l'expérience pour s'imposer.
M.L.Blanco--ESF