El Siglo Futuro - Sur la route des Jeux: Mathilde Lamolle, valise égarée et mécanique enrayée

Madrid -
Sur la route des Jeux: Mathilde Lamolle, valise égarée et mécanique enrayée
Sur la route des Jeux: Mathilde Lamolle, valise égarée et mécanique enrayée / Photo: © AFP/Archives

Sur la route des Jeux: Mathilde Lamolle, valise égarée et mécanique enrayée

À 26 ans, Mathilde Lamolle, championne d'Europe du tir au pistolet en 2021 et multiple championne de France, a déjà participé deux fois aux Jeux olympiques. Jusqu'aux JO de Paris, celle qui a été finaliste à 10m lors des Jeux de Tokyo raconte son parcours à l'AFP.

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Dans ce dixième épisode, elle explique comment une valise de matériel égarée a suffi à perturber la mécanique de précision qu'implique le tir sportif, gâchant au passage un championnat du monde et une partie de sa saison.

. Essayer de lâcher prise

"A mon départ pour les championnats du monde au mois d'août à Bakou, ma valise de matériel s'est égarée à une correspondance. OK, un bagage perdu, ça arrive. On atterrissait quatre ou cinq jours avant la journée d'entraînement officiel et la compétition était le lendemain, donc normalement il y avait suffisamment de marge.

Au début, on me dit que tout sera là la veille de l'entraînement officiel. Pas d'inquiétude, j'essaie tant bien que mal de lâcher prise et de ne pas trop souffrir de cette situation que je ne maîtrise pas. Mais quand j'arrive à l'entraînement, je ne trouve pas mon matériel. On me dit qu'il n'est pas là et que c'est encore repoussé."

. "vraie galère"

"Mon entraîneur me dit que je vais travailler avec le pistolet de ma coéquipière. Au début, je me dis que c'est quand même mieux de faire ça que de regarder les autres s'entraîner. Mais les armes sont quand même spécifiques. Je n'ai pas ma crosse, sur laquelle on a des appuis particuliers. Il y a aussi le réglage de la détente, la répartition du poids, tout ce qui est fenêtre de viseur etc. Je tire quand même quelques cartouches, mais pas beaucoup, parce qu'elles ne sont pas arrivées non plus. Ce sont mes collègues qui se cotisaient pour m'en laisser quelques unes...

Et puis je suis myope. On a des lunettes de tir spécifiques, avec un cache-oeil, je ne les ai pas. Donc j'ai essayé d'en installer un sur d'autres lunettes, une vraie galère ! Je n'ai pas non plus ma ceinture ni mes chaussures de tir, dans lesquelles il y a des semelles spéciales... Donc c'est vraiment du bricolage alors que c'est un championnat du monde, la plus grosse compétition de la saison pour nous, avec en plus des quotas olympiques en jeu... Ca a été mal géré je pense. Ca m'a frustrée parce que c'était une période où je commençais à beaucoup mieux tirer."

. la lucidité perdue

"Finalement, je n'ai reçu mon pistolet que le matin de la compétition. J'avais beaucoup stressé et paniqué en amont et à un moment, je me suis dit qu'une fois que j'aurai mes armes, le stress serait évacué. Mais en fait pas du tout, il est revenu puissance 10000 ! Je n'avais plus aucun point de repères, les sensations ne sont pas revenues. J'avais puisé tellement d'énergie pour gérer cette histoire de matériel, pour me dire que ça n'était pas si grave, que quand je suis arrivé sur le pas de tir, même si j'y croyais à fond, ça n'a pas suffi. Il y avait eu quatre jours d’ascenseur émotionnel et j'avais laissé trop d'énergie mentale en route. Je n'étais plus lucide, ce qui est le plus important en tir.

La frustration a duré encore après le retour de Bakou, il m'a fallu du temps pour digérer. Je n'avais plus envie d'aller à l'entrainement parce que je savais que j'allais très bien tirer et que ça allait encore plus me dégoûter. Il y a eu un petit coup de mou puis c'est revenu, j'ai réussi à tourner la page."

Propos recueillis par Stanislas TOUCHOT

H.Alejo--ESF