Ski alpin: la dernière descente annulée, zéro pointé pour Zermatt-Cervinia
Verra-t-on un jour une Coupe du monde de ski à Zermatt-Cervinia? Pour la deuxième année consécutive, toutes les descentes au programme de cette étape italo-suisse inédite ont été annulées, soulevant interrogations et critiques quant à l'avenir de la course.
La décision est tombée à 11H40 dimanche et n'a surpris personne. "En raison des fortes rafales de vent, le jury et l'organisation ont décidé d'annuler la descente du jour", a annoncé laconiquement une porte-parole de la FIS sur le réseau social Telegram.
Comme la veille pour la première descente des femmes, comme la semaine dernière pour les hommes, et comme l'année dernière pour les quatre courses déjà au programme, les mauvaises conditions météo ont douché les derniers espoirs des organisateurs dimanche.
Ce zéro pointé - huit annulations en huit courses programmées depuis l'annonce en grande pompe début 2022 de cette nouvelle étape - compromet encore un peu plus l'avenir d'une descente transfrontalière pourtant très alléchante sur le papier, entre Suisse et Italie au pied du majestueux Cervin.
- Deux saisons blanches -
L'inauguration de la "Gran Becca", censée ouvrir la saison de la vitesse, se heurte de plein fouet aux réalités d'un glacier difficile à dompter à cette période de l'année et à plus de 3.500 mètres d'altitude. Et les annulations à répétition relancent les critiques concernant la nécessaire adaptation du calendrier des compétitions.
L'année dernière, c'est le manque de neige en bas du tracé qui avait contraint les organisateurs à annuler les quatre descentes au programme. Cette année, les courses ont été repoussées de deux semaines pour laisser au froid le temps de s'installer et c'est le vent et la neige qui ont finalement pris le dessus.
Dimanche, les organisateurs ont espéré jusqu'au bout une accalmie, repoussant à plusieurs reprises le départ. Mais les rafales de vent toujours trop importantes auraient mis en danger des skieuses lancées à toute vitesse sur le glacier, rendant l'annulation inévitable.
"La nature a le dernier mot", rappelait samedi Franz Julen, le directeur du comité d'organisation, évoquant un manque de "chance" cette année avec un mois de novembre particulièrement mauvais.
- Logistique "impossible" -
Après deux saisons totalement blanches, difficile d'imaginer sereinement l'avenir de cette course qui nécessite par ailleurs des moyens logistiques considérables pour préparer la piste, avec hélicoptères et pelleteuses sur le glacier, à rebours des préoccupations environnementales.
"Je crois qu'on a vu les limites de cette course", affirmait la semaine dernière le Français vice-champion olympique de descente Johan Clarey, désormais retraité. Pour lui, "organiser des courses à plus de 3000 mètres d'altitude au mois de novembre dans une zone glacière, forcément ça augmente le risque d'annulation".
L'ancien skieur, comme d'autres encore actifs sur le circuit, s'est positionné en faveur d'un changement de calendrier, avec des premières courses plus tard dans l'année.
"D'un point de vue logistique, c'est impossible" pour Zermatt, a balayé samedi Franz Julen, qui a ajouté que "l'intérêt des sponsors ne serait pas assez important" à la fin de l'hiver, les marques souhaitant donner de la visibilité au ski dès l'automne, avant le début de la saison touristique et avant les achats de Noël.
Les travaux sur le glacier, déjà critiqués par les associations de défense de l'environnement, "seraient encore plus importants", a-t-il aussi rappelé. "Notre seule fenêtre, c'est en novembre."
Mais malgré les critiques et les déconvenues, "il est hors de question d'abandonner", a-t-il affirmé en rappelant que les organisateurs, la FIS et les fédérations suisse et italienne avaient signé un contrat de cinq ans pour cette étape.
La Coupe du monde de ski féminine se poursuit les 25 et 26 novembre à Killington aux Etats-Unis.
M.Ortega--ESF