Afrique du Sud: la demande de libération conditionnelle d'Oscar Pistorius réexaminée
L'ex-champion paralympique sud-africain Oscar Pistorius espère bénéficier vendredi d'une libération conditionnelle, dix ans après le meurtre de sa petite amie, dans une affaire qui a captivé le monde.
L'ancien athlète, aujourd'hui âgé de 37 ans, doit se présenter dans la matinée devant une commission ad hoc dans la prison proche de Pretoria où il est actuellement détenu. Selon les services pénitentiaires, cette commission déterminera si le condamné "est apte ou non à la réinsertion sociale".
En cas d'approbation, sa remise en liberté effective pourrait toutefois prendre du temps, la procédure pour déterminer les conditions d'une éventuelle libération anticipée pouvant nécessiter jusqu'à un mois.
En mars, une précédente demande de liberté conditionnelle avait été rejetée. Les services pénitentiaires avaient estimé, à la surprise générale, que Pistorius, condamné à plus de 13 ans de prison, n'avait pas purgé la période de détention minimale requise.
En Afrique du Sud, les prisonniers peuvent bénéficier d'une libération anticipée après avoir purgé la moitié de leur peine. Pistorius ayant été condamné en première instance, puis plusieurs fois en appel, les services pénitentiaires ont estimé que, selon un décompte commençant à la date de sa dernière condamnation, il n'avait pas purgé le temps minimum.
Mais la Cour constitutionnelle a contredit cette version, estimant le mois dernier que le décompte devait commencer à la date de son premier placement en détention.
- Procédure "éprouvante" -
Dans la nuit du 13 au 14 février 2013, Oscar Pistorius a abattu sa petite amie la mannequin Reeva Steenkamp, 29 ans, tirant quatre fois à travers la porte close de la salle de bain de sa chambre, dans sa maison ultra-sécurisée de Pretoria. Il est arrêté au petit matin.
Riche, célèbre, le sextuple champion paralympique est à l'époque auréolé de gloire. Un an plus tôt, il est entré dans la légende sportive en s'alignant avec les valides aux 400 mètres des Jeux olympiques de Londres, une première pour un double amputé des jambes.
"Blade Runner" (coureur aux lames"), comme il est surnommé en référence à ses prothèses de carbone, plaide non coupable, affirmant avoir cru à la présence d'un intrus.
Lors de son procès en première instance en 2014, retransmis en direct à la télévision, l'ex champion apparaît en pleurs, vomissant à la lecture du rapport d'autopsie. Il écope de cinq ans de prison pour homicide involontaire.
Le parquet réclame une requalification en meurtre. Pistorius se présente à son procès en appel sur ses moignons. Il est condamné à six ans d'emprisonnement.
Le parquet estime la peine toujours insuffisante. En 2017, la Cour suprême d'appel le condamne finalement à 13 ans et 5 mois de prison. Lâché par ses sponsors, ruiné, l'idole déchue vend sa maison pour payer ses avocats.
Dans le cadre de sa demande de remise en liberté, Oscar Pistorius a rencontré l'an dernier les parents de Reeva Steenkamp. Une étape obligatoire visant, selon les autorités, à s'assurer que les détenus "reconnaissent le mal causé".
Le couple s'est toutefois opposé à sa demande de libération en mars: "Je ne crois pas à son histoire", avait lâché la mère, June Steenkamp, qui ne sera pas présente vendredi. Le père de Reeva Steenkamp est décédé en septembre.
La procédure a été "très éprouvante sur un plan émotionnel", a souligné auprès de l'AFP l'avocate de la famille Steenkamp, Tania Koen, ajoutant être convaincue que la commission "fera preuve de discernement".
L'avocat de Pistorius, Conrad Dormehl, a lui affirmé compter sur une "libération immédiate", vu le retard déjà accumulé après l'imbroglio sur l'éligibilité de son client à une liberté conditionnelle.
A.Abarca--ESF