Joshua Cheptegei, le test sur marathon avant le rêve olympique
Il est "toujours amoureux du 10.000 mètres" mais avait envie d'une "nouvelle aventure": à 27 ans et à huit mois des Jeux, l'Ougandais Joshua Cheptegei s'aligne dimanche pour la première fois sur un marathon, à Valence en Espagne, sans oublier ses ambitions olympiques sur piste.
Champion olympique du 5.000 mètres, triple champion du monde en titre du 10.000 mètres, recordman du monde sur ces deux distances... Joshua Cheptegei a presque tout gagné sur la piste et réfléchissait depuis un moment à se tester sur du plus long, une transition pas inhabituelle pour les coureurs de fond.
"L'année prochaine, ça fera dix ans que je cours au niveau international donc passer sur le marathon, c'est comme une nouvelle aventure", a-t-il expliqué à une poignée de journalistes.
Pour sa découverte de la distance, Cheptegei s'est naturellement tourné vers Valence, la "Ciudad del Running" réputée pour ses courses rapides qui lui ont souvent souri par le passé.
C'est dans les rues qu'il arpentera dimanche qu'il avait battu en 2019 le record du monde du 10 kilomètres sur route, dont s'était emparé quelques semaines plus tard, toujours à Valence, le Kenyan Rhonex Kipruto depuis suspendu provisoirement pour dopage.
C'est là-bas aussi qu'il avait pulvérisé il y a trois ans le record du monde du 10.000 mètres que détenait depuis 15 ans la légende de la course à pied Kenenisa Bekele - d'ailleurs au départ dimanche.
- Peu de kilomètres -
Alors "quand il a fallu choisir où courir (le marathon), Valence était le meilleur choix. On ne veut pas débuter dans un endroit qu'on ne connaît pas", affirme Cheptegei, qui s'entraîne au quotidien à Kapchorwa, sa ville natale dans l'est de l'Ouganda.
Après les championnats du monde de Budapest en août (or sur 10.000 mètres) et quelques semaines de repos, le jeune Ougandais s'est donc attaqué à sa première prépa marathon. "J'ai beaucoup appris, notamment sur la nutrition: il faut savoir s'hydrater, savoir ce dont le corps a besoin pour courir de plus en plus longtemps", énumère-t-il.
Il a aussi fallu avaler plus de kilomètres que d'habitude et découvrir les sorties longues. Avec "entre 140 et 160 kilomètres par semaine", Cheptegei reste bien loin des distances parcourues par les stars de la discipline, qui dépassent allègrement les 200 kilomètres hebdomadaires, voire les 300 kilomètres pour le nouveau recordman du monde kenyan Kelvin Kiptum.
"Les sorties longues, c'était fatiguant pour moi mais maintenant, j'apprends à accepter que ça fera partie de ma vie dans l'avenir", explique celui qui veut désormais se consacrer aux courses sur route.
- "Toujours amoureux" du 10.000 -
Mais Cheptegei ne raccrochera pas les pointes avant les Jeux de Paris, où il veut glaner le titre olympique qu'il lui manque sur 10.000 mètres. "J'en ai presque fini avec la piste mais je n'ai pas encore terminé", affirme-t-il. "Je suis toujours amoureux du 10.000 mètres donc je veux aller à Paris et gagner" sur les 25 tours de piste.
Il n'exclut pas un exigeant doublé 10.000-marathon aux Jeux mais veut attendre Valence avant de se décider.
"C'est une nouvelle distance, je suis toujours en train d'apprendre", répète celui qui a pu bénéficier des conseils des maîtres de la discipline: ses idoles Eliud Kipchoge, ancien recordman du monde, et Stephen Kiprotich, star ougandaise du marathon au début des années 2010.
"C'est super important que je prenne du plaisir, et aussi que je vois ce qu'il se passe après 35 kilomètres", affirme-t-il en refusant la comparaison avec Kelvin Kiptum, qui avait fait ses impressionnants débuts sur la distance à Valence l'année dernière.
Après une saison marquée par des records fous chez les hommes (02h00:35 par Kiptum) comme chez les femmes (2h11:53 par Tigst Assefa), Cheptegei affirme qu'il ne "cherche pas à faire un chrono rapide".
"02H03, 02H04...", évoque-t-il quand même pour boucler les 42,195 kilomètres. "L'idéal serait de monter sur le podium."
T.Álvarez--ESF