L1: Marseille-Lyon sous tension, le foot français face aux violences
Un match à haut risque, dans le pire des contextes: reporté fin octobre après de graves incidents, le match OM-Lyon se jouera mercredi sous haute surveillance, quatre jours après le décès d'un supporter à Nantes, nouvelle illustration de la violence qui empoisonne le football français.
Les images de la soirée du 29 octobre avaient choqué et fait le tour du monde. Peu avant son arrivée au Vélodrome, le car transportant les joueurs et le staff de l'équipe lyonnaise avait été pris pour cible et caillassé. Plusieurs vitres du car avaient été brisées et l'entraîneur lyonnais Fabio Grosso, depuis démis de ses fonctions, avait été très sérieusement blessé au visage.
Le match avait été annulé et la Ligue de football professionnel (LFP) l'a reprogrammé à mercredi, toujours à Marseille et en présence de public, contrairement à ce qu'aurait souhaité le club lyonnais, dont l'appel a été jugé irrecevable.
"On ne pensait pas revenir ou rejouer ce match comme si rien ne s'était passé le 29 octobre. Il y a eu des dégâts vis-à-vis de l'ancien entraîneur ou du bus", a d'ailleurs rappelé lundi le défenseur lyonnais Clinton Mata.
"Au vu des événements, on a un peu des craintes car au niveau de la sécurité, on nous avait promis que tout se passerait bien et cela n'a pas été le cas", a-t-il ajouté.
- Car banalisé -
En prévision du match de mercredi, des arrêtés ont été pris par la préfecture de police des Bouches-du-Rhône et par le ministère de l'Intérieur qui, face à un "risque réel et sérieux d'affrontements entre les supporters des deux clubs", a interdit le déplacement de fans lyonnais à Marseille.
"Ces arrêtés ont été pris en raison du comportement des supporters lyonnais la dernière fois et du fort antagonisme entre les supporters, tel que démontré la dernière fois", a expliqué la préfecture de police à l'AFP.
En plus du caillassage du car de l'OL et d'un autre car transportant des supporters, la soirée avait en effet été marquée par le comportement de certains supporters lyonnais présents au Vélodrome. Ceux-ci s'étaient signalés par des cris de singe et des saluts nazis, des faits qui doivent être étudiés mercredi par la commission de discipline de la LFP.
La préfecture de police n'a pas souhaité donner d'éléments chiffrés quant aux effectifs mobilisés mercredi soir, ni sur le parcours du car lyonnais, se bornant à indiquer que le dispositif était "adapté aux derniers évènements et à cet antagonisme".
L'OL a de son côté expliqué que ses joueurs arriveraient mercredi en fin de matinée à Marseille, de manière classique. Un hôtel a été choisi hors de la ville, en accord avec la préfecture de police. Et le trajet des joueurs vers le Vélodrome se fera dans un car banalisé et au vitrage renforcé. Le 29 octobre, c'est un car aux couleurs de l'OL qui avait été pris pour cible.
- "Mesures radicales" -
Important sur le plan sportif pour deux équipes en difficulté cette saison, le choc entre les deux Olympiques va donc se jouer dans un contexte sécuritaire très lourd et d'autant plus tendu que le football français traverse un automne émaillé d'incidents violents.
Le 9 octobre, le match Montpellier-Clermont avait ainsi été interrompu après le jet d'un pétard à proximité du gardien clermontois Mory Diaw, choqué et évacué sur une civière. Le 26 novembre, un car de supporters brestois a été caillassé après un match à Montpellier.
Plus grave encore, dans la soirée de samedi, un supporter de Nantes a été tué lors d'une altercation, lorsque plusieurs véhicules VTC transportant des supporters niçois ont été pris à partie par des fans nantais. Un chauffeur de VTC a été mis en examen et incarcéré lundi.
Face à ces violences, les autorités sportives et politiques ont commencé à réagir et des décisions sont attendues. Lundi, le président de la LFP Vincent Labrune a ainsi plaidé sur RMC Sport pour "des mesures radicales".
Lundi également, la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra s'était pour sa part dite favorable à l'arrêt des déplacements de supporters en cas de match à risque. "Il faut une initiative globale, une réponse globale et à situation radicale, mesures radicales", a t-elle martelé sur France Inter.
"C'est juste pas possible que nous ayons des forces de l'ordre qui soient à ce point sollicitées, des biens détruits, des bus caillassés, des personnes blessées, maintenant un mort", a-t-elle énuméré, "Basta, ça suffit".
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V.Abaroa--ESF