Ultim Challenge: le départ des trimarans géants salué par une armada de voiliers
Une mer calme, un soleil éclatant et juste assez de vent pour voler: les six trimarans géants de l'Ultim Challenge ont quitté Brest, dimanche, dans des conditions exceptionnelles, au milieu d'une armada de voiliers venus saluer ce tour du monde de tous les superlatifs.
Voilà des semaines que les Brestois n'avaient pas connu un temps aussi clément. Après des jours entiers de pluies battantes et de vents violents, le départ de l'Ultim Challenge a été donné dimanche à 13H30 sous un soleil éclatant, comme le Finistère en connaît peu au mois de janvier.
"La nature a été cool avec nous", avait salué avant le départ Thomas Coville, 55 ans, skipper du Sodebo Ultim 3, huit tours du monde bouclés au compteur.
A peine avaient-ils hissé la grand-voile, à la sortie du port de Brest, que ces géants des mers de 32 mètres de long et 23 de large ont été accueillis par une myriade de plaisanciers en voilier, zodiac, jet-ski mais aussi planche à voile.
Cette vaste armada a accompagné, jusqu'à la sortie du goulet de Brest, les six Ultims, tandis qu'ils longeaient doucement la côte, l'un derrière l'autre, dans une parade que des centaines de Bretons étaient venus admirer depuis le sentier des douaniers.
Les rochers, les digues et les forts parsemant la côte avaient été envahis de grappes de badauds venus célébrer l'aventure de ce tour du monde en solitaire, "l'exercice le plus compliqué qu'on peut faire dans la voile", comme l'a rappelé avant d'appareiller Armel Le Cléac'h, 46 ans, skipper du Maxi Banque Populaire XI.
Hauts de 35 mètres (un immeuble de dix étages), les mâts des six concurrents étaient facilement reconnaissables parmi la masse de voiles venus les fêter. Sortis de la rade peu après midi, ces "Formule 1 de la mer" ont encore dû manœuvrer plus d'une heure avant de franchir une ligne de départ virtuelle, entre la pointe Saint-Mathieu et la presqu'île de Crozon.
Les derniers coéquipiers se sont jetés à l'eau quelques minutes avant le départ officiel, pour laisser les skippers seuls aux commandes de ces énormes machines.
- "Course d'endurance"-
"On va y aller cool. C'est une course d'endurance", avait prévenu peu avant Charles Caudrelier, 49 ans, à bord du Maxi Edmond de Rothschild.
Quelques secondes après 13H30, les Ultims ont franchi la ligne à plus de 20 nœuds (37 km/h), Tom Laperche, le benjamin de l'équipe faisant la course en tête à bord de SVR-Lazartigue.
"J'ai envie de prendre un super départ", avait annoncé celui qui n'était arrivé que samedi à Brest, son voilier ayant dû subir un mois et demi de réparation intensive.
Filant plein Ouest, les trimarans ont longé la côte vers le large, prenant leur envol quelques minutes seulement après le départ, dans une mer déjà légèrement formée.
"C'est plus facile de partir dans ces conditions-là que dans des conditions musclées", avait remarqué Armel Le Cléac'h dans la matinée.
D'autant qu'une première dépression attend les navigateurs, dès lundi matin, au large du Portugal. "Ça va se complexifier, il va falloir être prêt pour affronter ce premier piège", a souligné le skipper de Banque Populaire.
Au lever du jour, les six solitaires avaient quitté, l'un après l'autre, les pontons brestois sur leur voilier, lors d'au-revoirs émouvants avec leurs proches.
Sept marins seulement ont pour l'instant réussi un tour du monde en solitaire à bord d'un trimaran, dont seulement quatre l'ont fait sans escale.
Les plus rapides pourraient mettre une cinquantaine de jours pour boucler les 21.600 milles nautiques de cette course, après avoir doublé les trois caps légendaires que sont Bonne Espérance (Afrique du Sud), Leeuwin (Australie) et le Horn (Chili).
H.Alejo--ESF