Ski alpin: Odermatt s'offre la descente reine de Wengen devant Sarrazin
Intouchable jeudi, dominé vendredi, de nouveau impérial samedi: le génie suisse du ski Marco Odermatt s'est offert sa deuxième descente en trois jours à Wengen, devant son public, remportant du même coup son duel haletant avec le Français Cyprien Sarrazin, encore deuxième sur le tracé mythique du Lauberhorn.
Conscient d'avoir livré une "course parfaite" sur la plus longue descente du circuit, alors que l'épreuve de jeudi était en format "sprint", le N°1 mondial a longuement exulté, acclamé par une foule en liesse, avant même le passage de ses principaux adversaires. A commencer par Sarrazin, qui s'est élancé juste après et l'avait battu la veille lors du super-G.
Le Haut-Alpin a rivalisé sur le haut du parcours, son saut à l'aveugle entre deux rochers et sa redoutable chicane, avant de sentir l'épuisement le rattraper et de limiter les risques pour "arriver en bas", a-t-il raconté, finalement distancé par Odermatt de 59/100e. L'Italien Dominik Paris a complété le podium loin derrière, à 1 sec 92.
"Je réaliserai plus tard quand je me serai reposé, parce que là je suis complètement cuit", a confié le Gapençais de 29 ans, qui enchaîne un quatrième podium en cinq courses de Coupe du monde depuis sa victoire, il y a deux semaines, dans la descente italienne de Bormio.
Longtemps géantiste et victime de nombreuses blessures avant de tourner vers la vitesse à partir de la saison 2022/23, Sarrazin s'impose un peu plus comme le principal rival de Marco Odermatt en descente, où il a conforté samedi son deuxième rang mondial.
- Lourde chute de Kilde -
D'autant que le meilleur descendeur des deux derniers hivers, le Norvégien Aleksander Aamodt Kilde, a lourdement chuté à quelques centaines de mètres de l'arrivée, terminant dans les filets après plus de deux minutes d'effort, et a été évacué par hélicoptère, avec un garrot posé au niveau du genou droit.
"C'est difficile de savourer après le crash de Kilde", a reconnu Odermatt, visage tendu d'inquiétude pendant que son dauphin des deux derniers classements généraux était longuement soigné. "J'espère qu'on n'aura plus jamais trois courses en trois jours", a lâché le Nidwaldien, qui avait déjà critiqué cette étape XXL en début de semaine.
Sans ambages, Cyprien Sarrazin a aussi estimé qu'enchaîner trois épreuves de vitesse en finissant par la plus longue descente était "trop, beaucoup trop". "Quand on voit Kilde, qui est le plus costaud de nous tous, s'écraser comme ça, c'est pas normal", a insisté le skieur du Dévoluy.
D'autant que le Norvégien n'est pas le premier à chuter lourdement: jeudi, le Suisse Marco Kohler s'est gravement blessé au genou droit. Et vendredi, lors du super-G, c'est le Français Alexis Pinturault qui a dû mettre fin à sa saison après s'être rompu les ligaments croisés du genou gauche à la réception d'un saut.
- Duel "d'extraterrestres" -
Cette cascade de blessures laisse Odermatt un peu plus seul dans la course à un troisième gros globe consécutif: N°1 mondial dans les trois spécialités qu'il dispute - descente, géant et super-G -, "Odi" avait déjà perdu fin décembre son principal adversaire annoncé, le superpolyvalent autrichien Marco Schwarz, qui prévoyait de s'aligner dans chaque épreuve de la saison.
En décrochant à Wengen ses 30 et 31e succès en Coupe du monde, à seulement 26 ans, le Suisse compte désormais 552 points d'avance sur Schwarz et 556 sur Sarrazin - qui n'avait jusqu'à présent jamais fait mieux qu'une 51e place au classement général, en 2017.
Reste que l'écart creusé au chronomètre par Odermatt et Sarrazin - "deux extraterrestres", pour le Français Nils Allègre - promet un somptueux affrontement cette saison en vitesse, qui se poursuivra le week-end prochain avec deux descentes sur la vertigineuse "Streif" de Kitzbühel.
Côté français, Adrien Théaux et Nils Allègre se sont eux aussi glissés dans le Top 10 samedi, respectivement 6e et 7e à 2 sec 55 et 2 sec 72 d'Odermatt.
L'étape de Wengen se termine dimanche avec un slalom.
M.Aguado--ESF