CAN: "Ça va être très difficile" de faire mieux pour la Gambie de Saintfiet
Le sourire radieux du Belge Tom Saintfiet, un des visages de la précédente Coupe d'Afrique, prévient l'AFP: "Ça va être difficile" pour sa Gambie de faire aussi bien que son quart de finale lors de sa première participation en 2022.
"Progressé? Non, on a perdu beaucoup de joueurs", regrette le technicien vieux routier de l'Afrique avant d'affronter un des grands favoris, son voisin sénégalais, lundi à Yamoussoukro (15h00).
"Certains de mes titulaires ont abandonné le foot, d'autres sont sans clubs depuis longtemps comme Yusupha Bobb et Sulayman Marreh", soupire Saintfiet, 50 ans dont 18 à entraîner sur le continent, du Satellite Abidjan au Togo en passant par la Namibie, avant de prendre en main il y a cinq ans et demi les "Scorpions".
"Ebrima Sohna (35 ans) et Mohamed Jallow Mbye ont arrêté le foot, Pa Modou Jagne (34 ans) joue en 5e division suisse..." énumère-t-il.
"Les attentes sont plus élevées et notre qualité est moindre, je suis honnête, et le groupe plus relevé, c'est le groupe de la mort", avec aussi le Cameroun et la Guinée. "Ça va être très difficile", estime le technicien belge.
- Le tournoi 2022 "a été exceptionnel" -
"Les deux défaites contre le Burundi (3-2) et la Côte d'Ivoire (2-0) en qualifications pour le Mondial ont prouvé que nous étions moins bien", insiste-t-il. C'est la première fois depuis que je suis là qu'on concède deux défaites en une semaine et la première fois en trois ans et demi qu'on prend trois buts".
Mais "le peuple demande des miracles de la Gambie", après le quart de finale il y a deux ans, pour la toute première participation du petit pays qui n'a de frontière qu'avec le Sénégal, lové autour du fleuve Gambie.
"Tout le tournoi a été exceptionnel", dit-il quand on lui demande d'évoquer les souvenirs de 2022. "Après la victoire contre la Mauritanie (1-0) pour notre tout premier match de CAN, le président (de la Fédération Lamin Kaba Bajo) m'a dit: +C'est fantastique, même si on perd les deux autres+"
Pourtant, après l'élimination en quarts de finale contre l'hôte camerounais (2-0), "notre sentiment de défaite était terrible, il m'a fallu deux semaines pour relativiser ça. C'est la différence avec l'euphorie du débutant qui venait de gagner contre la Mauritanie..."
"Si tu es réaliste, tu dois être content de jouer un quart de finale, mais on se sentait fort, on voulait rester jusqu'à la fin", poursuit Saintfiet.
- "Nous avons eu peur de mourir!" -
Avant le tournoi, "j'avais dit à mes joueurs: +On est ici pour écrire l'histoire+. On pouvait être champion d'Afrique, je leur avais montré les vidéos du Danemark 1992 et de la Grèce 2004", champions d'Europe surprise.
La deuxième Coupe d'Afrique a commencé par une énorme frayeur: l'avion des Scorpions a dû faire demi-tour à cause d'un manque d'oxygène.
"Nous avons eu peur de mourir, toute l'équipe, si le vol avait duré trente minutes de plus, nous serions tous morts, à 100%!", raconte Saintfiet.
"C'est un peu traumatique, mais cela permet de resserrer les liens. Mes joueurs sont très forts, mon staff et le staff médical, tous les supporters, rien ne peut détruire notre équipe".
Malgré les difficultés, le Belge n'a pas renoncé à bousculer encore la hiérarchie en Côte d'Ivoire, bien aidé par "une bonne fédération, limitée financièrement mais qui me soutient, et le team manager Ousmane Drammeh, très important, qui organise tout".
Saintfiet travaille aussi avec le même encadrement depuis cinq ans et demi. "Nous sommes devenus des amis", souligne-t-il.
Et il lui reste encore de bons joueurs, notamment sa colonne vertébrale formée par le chef de défense Omar Colley, le milieu du FC Metz Ablie Jallow et le buteur Musa Barrow.
"C'est important que ces trois-là soient en forme, on compte sur ces joueurs", dit-il, ajoutant le grand espoir gambien, Yankuba Minteh, du Feyenoord, 19 ans, "un candidat au podium de meilleur jeune", promet Saintfiet.
La Gambie a encore de quoi surprendre.
S.Elizondo--ESF