Euro de hand: Guillaume Gille, Wilhelm l'Allemand
L'allemand est son élément: le sélectionneur de l'équipe de France Guillaume Gille, joueur de Hambourg pendant dix ans, répond volontiers dans la langue de Goethe aux médias locaux dans cet Euro de handball outre-Rhin.
Avec plus de quatre cents matches sous les couleurs du club de la ville hanséatique, qu'il a rejoint dès la fondation du projet en 2002, "Gino" Gille a laissé son empreinte en Allemagne.
Des quatre membres honoraires du club de Hambourg, deux sont des Gille. "On peut s'enorgueillir de ça", affirme Bertrand Gille, son frère, resté lui aussi une décennie là-bas. "C'est une partie de notre vie."
Un fragment qui réémerge chez le sélectionneur quand, interrogé sur les difficultés du transfert de Düsseldorf à Berlin en train en raison d'un mouvement social, il répond: "C'est la grève, il y a des gens qui ont le droit de… de… j'allais dire le mot en allemand, +demonstrieren+."
"Je m'emmêle un peu en me retrouvant dans un contexte où il faut mélanger les langues", dit en souriant le technicien de 47 ans avant le match France-Allemagne mardi soir.
"A l'époque, il m'arrivait fréquemment de rêver en allemand. C'est moins vrai parce que je parle le plus souvent français. Mais avec un peu d'élan, ça revient vite."
- "Beaucoup de traces" -
"On ne passe pas dix ans dans un endroit et autour de gens, sans que ça vous laisse vierge, c'est une évidence, tout ça l'a construit en tant que sportif et en tant qu'homme", décrit Bertrand Gille.
Les frères ont été sacrés champions d'Allemagne en 2011 avec Hambourg, dont Guillaume était alors le capitaine. Il s'agit du seul titre national de ce jeune club.
"On a construit des choses extraordinaires, se souvient +Bobo+ Gille. Tous ceux qui ont eu la chance de vivre cette aventure-là en gardent un souvenir absolument incroyable. C'est un environnement que Guillaume et moi avons participé à construire. C'est un très bel exemple de réussite collective."
Les deux solides frères avaient eu droit à des adieux lacrymaux dans l'Arena de Hambourg comble de plus de 10.000 spectateurs en 2012.
Après une faillite en 2016, le Handball Sport Verein a retrouvé l'élite en 2021.
Clin d'oeil du destin, le sélectionneur des Bleus a partagé le même vestiaire que Thomas Knorr, son ex-capitaine. Ce dernier n'est autre que le père de Juri Knorr, demi-centre et coqueluche de l'actuelle Nationalmannschaft.
"Ça reste pour moi un moment très formateur en tant que joueur, assure l'ex-demi-centre. Une période m'ayant permis d'enrichir ma culture handball."
Mais aussi l'homme, les trois filles de "Gino" étant nées en terre germanique. "J'y ai évolué entre mes 26 ans et mes 36 ans, à une période où il se passe beaucoup de choses dans la vie d'un homme, donc ça laisse forcément beaucoup de traces."
"J'ai gardé beaucoup de souvenirs, beaucoup de de contacts également, même si je n'ai pas souvent l'occasion de pouvoir y revenir et c'est un peu dommage. J'en garde une superbe tranche de vie."
M.Hernández--ESF