Open d'Australie: quand Cazaux signe l'exploit de mater Rune
Performance majuscule pour Arthur Cazaux: deux jours après sa toute première victoire en Grand Chelem, le Français, 122e joueur mondial à 21 ans, a maté un de ses adversaires de jeunesse qui a grandi beaucoup plus vite que lui, le N.8 mondial Holger Rune, au deuxième tour de l'Open d'Australie jeudi.
Avec panache et une autorité bluffante, Cazaux, bénéficiaire d'une invitation, s'est débarrassé du Danois en quatre sets 7-6 (7/4), 6-4, 4-6, 6-3 en 3h 22 min.
L'exploit a fait entonner la Marseillaise à la colonie française des Antipodes qui migre de court en court au soutien des Bleus depuis le début de la quinzaine australienne. Pour prendre sa mesure, deux chiffres ressortent.
Son succès en cinq sets au premier tour, 6-2, 6-7 (3/7), 6-2, 3-6, 6-2 aux dépens du Serbe Laslo Djere (33e), était son premier en Grand Chelem (à sa quatrième tentative).
Plus fort encore: avant l'Open d'Australie, Cazaux n'avait obtenu qu'une seule victoire sur le circuit principal, et elle remontait à plus de deux ans et demi en arrière (mai 2021 à Genève, contre Mannarino).
- "Match fou"
"C'était un match fou, un gros combat, s'enthousiasme Cazaux, diamants aux oreilles. Holger (Rune) est un joueur exceptionnel, je le connais depuis longtemps", depuis leurs années de jeunesse partagées sur le circuit junior.
Leurs trajectoires se sont ensuite écartées: Rune a connu une ascension fulgurante, jusqu'au top 5 dès 20 ans, quand Cazaux, finaliste juniors à Melbourne il y a quatre ans (contre un autre Français, Harold Mayot), a notamment accumulé les blessures. Jusqu'à ce que son horizon se dégage en 2023. "La première année complète que j'ai fait depuis que je suis tout petit", résume-t-il.
Bilan: une trentaine de tournois joués, entre circuit secondaire et qualifications de tournois ATP, et un bond des alentours de la 380e place mondiale jusqu'à la 119e, et même la 108e début 2024. Et bientôt plus haut.
Son épaule bâtie au handball lui a faire des ravages au service jeudi soir, avec 18 aces et 82% de réussite derrière sa première balle. Entré dans le match bille en tête, il a immédiatement renvoyé Rune dans les cordes, et le jeune Danois a visiblement souffert du genou, strappé et massé à plusieurs reprises à partir du troisième set.
Prochain adversaire pour Cazaux: le Néerlandais Tallon Griekspoor (31e), tombeur d'un autre espoir français, Arthur Fils, 3-6, 6-1, 7-5, 6-4, plus tôt dans la journée.
- Rybakina à l'étouffée -
Le Montpelliérain est le quatrième joueur tricolore à se hisser au troisième tour à Melbourne, après Adrian Mannarino, Ugo Humbert et Luca Van Assche.
Elles sont trois dans le tableau féminin: Diane Parry (72e), Clara Burel (51e) - première victoire contre une joueuse du top 10, en l'occurrence la N.5 Jessica Pegula, éjectée 6-4, 6-2 - et Océane Dodin (95e). Et les deux dernières citées s'affronteront avec pour enjeu, pour l'une comme pour l'autre, un premier huitième de finale en Grand Chelem.
Fin de partie, déjà en revanche, pour Elena Rybakina: au bout d'une fin de match étouffante, d'un set décisif plus long qu'un match de foot (93 minutes !), d'un super tie-break (en dix points) de plus d'une demi-heure, la N.3 mondiale et finaliste sortante a fini par craquer à la dixième occasion de conclure de son adversaire, Anna Blinkova (57e). Victorieuse 6-4, 4-6, 7-6 (22/20), la Russe a elle-même écarté six balles de match.
"J'ai essayé d'être agressive mais ma main tremblait, et mes jambes aussi", raconte Blinkova. "Je me souviendrai de ce jour pour le reste de ma vie."
Iga Swiatek n'est pas passée loin non plus de faire ses valises: menée 4 jeux à 1, service à suivre pour Danielle Collins, 62e mondiale et finaliste à Melbourne il y a deux ans, puis 0-40 sur son propre engagement à 4-2 dans le set décisif, la N.1 mondiale s'est vue "déjà à l'aéroport", mais elle a comblé un double break de retard pour s'imposer 6-4, 3-6, 6-4 en plus de trois heures.
Le N.2 mondial Carlos Alcaraz s'est lui dépensé pendant près de trois heures et demie pour écarter l'Italien Lorenzo Sonego (46e) 6-4, 6-7 (3/7), 6-3, 7-6 (7/3).
Voilà l'Espagnol de vingt ans qui égale son meilleur résultat à Melbourne. Mais la dernière fois qu'il était venu "Down Under", début 2022, "Carlitos" n'était pas encore double lauréat en Grand Chelem (US Open 2022 et Wimbledon 2023) ni devenu le plus jeune N.1 mondial de l'histoire.
M.Ortega--ESF