Euro de hand: quatre tours de contrôle guident les Bleus
En Allemagne les tours de télévision poussent comme des champignons, dans le handball français un autre type de tour prolifère: les pivots. Entre Ludovic Fabregas, Luka Karabatic, Karl Konan et Nicolas Tournat, le secteur intérieur des Bleus devrait encore saturer l'Islande samedi (15h30) à l'Euro.
Quand Ludovic Fabregas a écopé de sa troisième exclusion temporaire et donc d'une définitive contre la Croatie, le soulagement du côté des Balkans, n'a pas duré longtemps. Nicolas Tournat, peu utilisé jusque-là, a matraqué les cages croates. Son bilan: quatre buts dont deux dans les 87 dernières secondes pour sceller le succès.
Quand un pivot titulaire dans un club comme Kielce, prétendant au sacre en Ligue des champions, doit se contenter de jouer le "supersub", cela dit quelque chose du volume français à ce poste.
"De ma mémoire de joueur, j'ai rarement vu autant de densité à ce poste-là", concède le sélectionneur français Guillaume Gille.
Avec 31 minutes de jeu depuis le début de la compétition (pour 8 buts sur 9 tirs), il doit se contenter de plus d'une heure et demie de moins sur le terrain que Ludovic Fabregas (16/17) et Luka Karabatic (2/4), au rôle davantage défensif.
"lls font un boulot incroyable, je le vois, loue Tournat, 29 ans. J'ai envie de jouer mais je ne suis ni bête ni aveugle. Je vois le travail qu'ils fournissent, c'est aussi incroyable. Je le comprends. Il ne faut pas être égoïste."
"Nico, c'est une option offensive offrant un point d'ancrage. Il est incroyable, loue Guillaume Gille. Il a une main très intéressante pour choper les ballons et quand on joue autour de lui, il y a toujours de la place qui se crée."
Au relais défensif, il peut compter sur un autre poids lourd avec Karl Konan, le pivot de Montpellier, précieux dans l'impact et l'activité depuis le début du tournoi. "Il y a toujours un des défenseurs mettant un peu plus de hauteur. Ma force est d'être assez mobile donc j'essaie de jouer sur ça", explique le plus filiforme des quatre.
- Vivier dans le handball féminin aussi -
"On se retrouve avec un quatuor qui fonctionne très bien. Une base stabilisant notre défense quel que soit notre dispositif", apprécie "Gino" Gille.
Le technicien peut compter sur tellement de graines de pivot qu'il a même dû se passer d'un joueur comme Theo Monar, 22 ans. Le Nantais s'était notamment illustré contre le PSG en octobre avec neufs buts (100% de réussite).
Quant à Dragan Pechmalbec, après trois sélections en équipe de France, il a opté pour la Serbie, barré par une concurrence féroce.
"Théo est très fort donc il va être amené à jouer, prédit Nicolas Tournat. C'est comme ça, c'est la concurrence. Je l'ai vécu aussi par le passé, on pouvait rien faire, ils étaient forts. C'est comme ça et il faut attendre."
Excepté Karl Konan, qui a émergé à 19 ans en Côte d'Ivoire, comment expliquer ce vivier français ? D'autant que cette abondance se retrouve aussi dans le handball féminin avec Pauletta Foppa, Sarah Bouktit au relais de Béatrice Edwige. Pourquoi les Français sont-ils des pivots, à défaut d'être veaux, selon la formule gaullienne ?
"Il n'y a pas d'explication rationnelle", observe pour l'AFP le directeur technique national Pascal Bourgais.
"Je pense que les formes de jeu mises en avant pendant la formation contribuent à faire émerger des joueurs et joueuses intéressants à ce poste. Dans le jeu à la française, on recherche beaucoup le jeu à l'intérieur, ce qui fait émerger des talents."
K.Baro--ESF