Basket: le CSP Limoges en plein chaos
Avis de gros temps au CSP Limoges: le monument du basket français, sanctionné pour problèmes financiers, vient de voir partir son entraîneur et de limoger son directeur sportif, une situation de plus en plus mal vécue par joueurs et supporters.
La sanction est tombée le 15 novembre: retrait de trois victoires au classement d'Élite et amende de 15.000 euros en raison d'une "dégradation significative entre l'estimé de ses comptes au 30 juin 2023 et les comptes clôturés en fin de saison dernière", selon le conseil supérieur de gestion de la Ligue nationale de basket (LNB).
Les dirigeants du premier club français champion d'Europe en 1993 ont saisi la chambre d'appel de la Fédération, mais la sanction a à peine été allégée juste avant Noël: retrait de deux victoires et amende de 10.000 euros.
Le CSP a donc perdu sa sixième place synonyme de qualification pour la Leaders Cup à l'issue de la phase aller du championnat, au grand dam des joueurs et du staff technique, entrés dans une sorte de guerre froide avec leur direction.
"C'est déjà assez dur de gagner des matches dans ce championnat. C'est dommage que certaines victoires ne servent à rien", a alors regretté Nicolas Lang, capitaine d'une équipe aujourd'hui 14e, avec deux victoires d'avance sur le premier relégable.
"Ça fait mal pour les joueurs et le staff. Ce sont eux qui sont punis. C'est le plus dur à accepter. S'ils (les instances, NDLR) ont pris cette décision, je ne pense pas que ce soit juste pour le plaisir de nous punir", estimait de son côté Kevin Anstett, encore directeur sportif.
Le 19 janvier, Le Populaire du Centre a révélé la volonté du club de se séparer de lui pour faute grave en dépit de bons résultats sportifs et du respect de la masse salariale allouée au sportif.
- Dupraz rappelé en catimini -
L'entraîneur grec Ilias Kantzouris a, lui, jeté l'éponge le 10 janvier pour rejoindre l'Hapoël Jérusalem contre une compensation financière d'environ 50.000 euros. Le préparateur physique Piotr Pigla, très apprécié des joueurs, l'a suivi dix jours plus tard.
La direction a rappelé sur le banc Jean-Marc Dupraz, champion de France avec le CSP en 2014, sans l'aval de Kevin Anstett et sans prévenir les joueurs deux jours avant un choc pour le maintien contre Roanne.
Le public limougeaud, déjà échaudé par le départ de Kantzouris, a réagi en appelant les dirigeants à la démission lors de la victoire contre la Chorale (80-77) le 14 janvier puis dimanche dernier lors de la réception de Strasbourg (défaite 80-73).
Propriétaire du club depuis mai 2019, Céline Forte, veuve de l'ancien joueur et président Frédéric Forte, a fui le Palais des Sports dimanche peu avant la fin pour s'épargner une nouvelle bronca. Son gendre Guillaume Lanave, directeur du marketing jugé responsable des déboires financiers du CSP par beaucoup, l'a imitée.
- Risque d'implosion -
Cette situation pèse sur les joueurs. "Une implosion est possible", estimait l'international Alexandre Chassang avant d'affronter la SIG.
"Je viens des Balkans. J'ai connu beaucoup de situations compliquées au cours de ma carrière. Mais ici, c'est un tout autre niveau ! Je ne m'attendais pas à ça. Surtout en France", a soufflé l'intérieur monténégrin Danilo Nikolic.
"On est dans notre bulle pour essayer de gagner des matches. Ce qui se passe en dehors, cela ne nous intéresse pas. Mais on sent que c'est particulier", a déclaré vendredi Lucas Ugolin avant un déplacement capital à Blois (15e) dimanche.
"Il faudra être vigilant. Cette rencontre peut faire basculer l'une des deux équipes du bon côté même s'il reste encore beaucoup de journées et qu'il y aura la trêve prochainement", estime Dupraz.
Candidat aux play-offs en début de saison, le CSP joue aujourd'hui le maintien. Sportivement mais aussi administrativement: le club a bouclé son exercice 2022-2023 avec un déficit dépassant le million d'euros. Un chiffre que refusent pour le moment de commenter ses dirigeants, murés dans le silence et de plus en plus contestés.
K.Baro--ESF