Open d'Australie: Sinner ou le chef d'oeuvre de la renaissance italienne
Deux jours après sa prouesse contre Novak Djokovic, l'Italien Jannik Sinner a signé un autre chef d'oeuvre dimanche pour s'offrir un premier sacre en Grand Chelem à l'Open d'Australie: renverser Daniil Medvedev après avoir été avoir mené deux sets à zéro.
Il n'était plus très loin de minuit quand, après 3h44 min de match, Sinner s'est allongé de tout son long sur la Rod Laver Arena, victorieux 3-6, 3-6, 6-4, 6-4, 6-3.
A 22 ans, le Tyrolien aux boucles rousses devient le troisième joueur italien titré en Grand Chelem, le premier depuis près d'un demi-siècle (1976), et le tout premier à l'Open d'Australie.
"Ca a été un tournoi énorme pour moi", souffle-t-il.
Son premier sacre majeur vient couronner une quinzaine australienne où il est parvenu à faire ce que personne n'avait réussi jusque-là: stopper Djokovic (6-1, 6-2, 6-7 (6/8), 6-3) une fois qu'il avait atteint le dernier carré à Melbourne. Le N.1 mondial, décuple vainqueur du tournoi, n'y avait plus perdu un match depuis six ans.
Il concrétise aussi de la plus belle des manières sa montée en puissance perceptible depuis l'été dernier, de son premier titre en Masters 1000 à Toronto (Canada) en août à ses deux victoires en dix jours face à Djokovic (en phase de groupes du Masters et à la Coupe Davis).
- Medvedev revit son cauchemar -
Au-delà, il vient forcément donner de l'ampleur au mouvement progressif de changement de génération dans le tennis mondial. Après Carlos Alcaraz l'hyperprécoce, 20 ans et déjà double lauréat en Grand Chelem (US Open 2022 et Wimbledon 2023), voilà Sinner qui s'invite dans ce club sélect.
Medvedev revit lui son cauchemar de 2022, quand il avait déjà été battu en finale de l'Open d'Australie après avoir mené deux manches à zéro, alors contre Rafael Nadal.
"C'est probablement mieux de perdre en finale que de perdre avant", ironise le Russe de 27 ans.
Sur la Rod Laver Arena dimanche soir - et sous les yeux de Rod Laver en personne - pendant presque deux sets, jusqu'à 5-1 dans la deuxième manche, le match a pourtant été à sens unique, en sa faveur.
Sinner, peut-être parce qu'il s'agissait de sa première finale majeure, n'était alors que l'ombre du joueur si percutant et si solide au service qui avait terrassé Djokovic sur son court fétiche deux jours plus tôt.
Medvedev, à l'inverse, exécutait son plan à la perfection: prendre le jeune Italien à la gorge, en forçant sa nature jusqu'à monter au filet, et en s'appuyant sur un service hyper efficace.
Un chiffre résume tout: rien qu'en un set, Sinner a été breaké autant de fois que depuis le début du tournoi (2).
- Frappe sonore -
Côté italien, l'étincelle s'est soudain allumée en fin de seconde manche, quand Sinner a réduit l'écart de 5-1 à 5-3.
Le Tyrolien s'est progressivement libéré, et avec lui sa frappe si lourde et sonore, en coup droit comme en revers. Il a pris le dessus physiquement sur Medvedev, à bout de souffle.
Le Russe a sans doute fini par payer sa folle quinzaine australienne, au cours de laquelle il avait déjà gagné trois matches en cinq sets, dont deux après avoir été mené deux sets à zéro (en demi-finales et au deuxième tour). Avant la finale, il avait joué quasiment six heures de plus que Sinner.
Lui qui jouait sa sixième finale majeure reste pour l'heure "bloqué" à un titre en Grand Chelem, conquis à l'US Open en 2021 (contre Djokovic). C'était la première fois qu'il n'y était pas opposé à Nadal ou Djokovic.
Son sacre australien va permettre à Sinner de revenir sur les talons de Medvedev au classement ATP lundi.
En attendant, il est devenu le cinquième Italien, femmes et hommes confondus, à inscrire son nom au palmarès d'un tournoi du Grand Chelem, après Nicola Pietrangeli (Roland-Garros 1959 et 1960), Adriano Panatta (Roland-Garros 1976), Francesca Schiavone (Roland-Garros 2010) et Flavia Pennetta (US Open 2015).
P.Rodríguez--ESF