Dopage: décision imminente du TAS dans l'affaire de la patineuse russe Valieva
La jeune patineuse russe Kamila Valieva, 17 ans, dont un contrôle positif à une substance interdite avait été révélé lors des JO de Pékin en 2022, devrait être fixée sur son sort dans les prochains jours avec la décision attendue du Tribunal arbitral du sport (TAS).
Le TAS avait indiqué à l'issue des dernières plaidoiries en novembre 2023 qu'il rendrait son avis "d'ici fin janvier 2024".
Valieva n'avait que 15 ans lorsqu'elle avait été contrôlée positive en décembre 2021 après sa victoire dans les championnats de Russie.
Une concentration infime de trimétazidine, interdite par l'Agence mondiale antidopage (AMA) depuis 2014 car soupçonnée de favoriser la circulation sanguine, avait été trouvée chez la jeune patineuse née à Kazan le 26 avril 2006.
Le cas n'avait cependant été révélé qu'en février 2022 pendant les JO de Pékin au lendemain de la victoire russe dans l'épreuve par équipes, au cours de laquelle Valieva était devenue la première patineuse à réussir un quadruple saut dans l'histoire des Jeux.
L'affaire a été portée devant le TAS à la suite de la disculpation de Valieva par l'agence antidopage russe (RUSADA), qui avait estimé que la patineuse n'avait commis "aucune faute ou négligence".
L'AMA et la Fédération internationale de patinage (ISU) ont réclamé de leur côté jusqu'à quatre ans de suspension et l'annulation de tous les résultats de Valieva depuis fin 2021.
Après une première audience en septembre 2023, les trois juges du TAS se sont à nouveau réunis à huis clos le 9 novembre pour entendre la jeune patineuse en visioconférence ainsi que des experts et témoins.
Dès le début, l'affaire a posé un dilemme juridique. L'âge de la patineuse au moment du contrôle aurait dû lui garantir la confidentialité, conformément aux règles de l'AMA. Mais sa performance de haut vol pendant les JO de Pékin a donné un fort retentissement à l'affaire.
- Contaminée par des couverts -
"La confidentialité est une bonne chose mais elle devient un peu factice lorsqu'il s'agit d'athlètes de haut niveau", selon David Pavot, directeur de la chaire de recherche antidopage de l'université canadienne de Sherbrooke, interrogé par l'AFP en 2023. L'affaire Valieva "soulève des questions éthiques plus larges sur l'âge minimum de participation aux Jeux".
La fédération internationale a décidé qu'à partir de 2024, la limite d'âge minimale de participation aux Jeux passerait de 15 à 17 ans, invoquant la "santé physique, mentale et émotionnelle" des athlètes.
Pour David Pavot, Kamila Valieva a été prise "dans un engrenage qui la dépasse", sur fond de révélations de tricherie et de discrédit du sport russe visant l'agence RUSADA.
Dans les jours qui ont suivi la révélation de l'affaire, Valieva avait craqué pendant l'épreuve individuelle à Pékin. Première à l'issue du programme court, elle avait trébuché quatre fois dans le programme long et terminé en pleurs, pour finalement échouer au pied du podium.
Pour sa défense, la jeune patineuse a invoqué une "contamination par des couverts" partagés avec son grand-père, traité à la trimétazidine après avoir reçu un cœur artificiel, et qui la conduisait tous les jours à l'entraînement.
En 2018, le TAS avait retenu deux cas de contamination accidentelle à la trimétazidine: la nageuse américaine Madisyn Cox, qui avait consommé le médicament dans une solution multivitaminée, et la bobeuse russe Nadezhda Sergeeva. Un doute entoure l'usage de la trimétazidine comme médicament en raison notamment de ses nombreux effets secondaires, allant des troubles de la démarche aux hallucinations.
Après avoir été blanchie par la RUSADA, Valieva est revenue à la compétition, prenant la deuxième place des championnats russes fin 2022, et se classant troisième l'année suivante. En novembre dernier, elle a remporté le Grand Prix de Russie.
H.Alejo--ESF