Rugby: révélations du Mondial, les "Loups" portugais gardent "les pieds sur terre"
Les "Loups" portugais, révélations du dernier Mondial de rugby avec un succès historique face aux Fidjiens, conservent la tête froide, ambitieux et lucides avant d'entamer samedi en Belgique le championnat d'Europe des nations.
L'accueil triomphal des "Lobos" à l'aéroport de Lisbonne, le 11 octobre, a été à la mesure de l'engouement suscité par leur Coupe du monde de rugby dans un pays qui n'a traditionnellement d'yeux que pour les footballeurs.
La photo, deux jours plus tard, immortalisant la rencontre et l'échange de maillots entre les capitaines des deux sélections, Tomàs Appleton et Cristiano Ronaldo, a d'ailleurs fait le tour des réseaux sociaux.
Invités surprises du Mondial, initialement non qualifiés mais repêchés pour des raisons administratives, les Portugais entraînés par le Français Patrice Lagisquet ont joué crânement leur chance.
Guidés par le demi de mêlée Samuel Marques et le talonneur Mike Tadjer, ils ont tenu en échec la Géorgie (18-18), perdu avec les honneurs face au pays de Galles (28-8) et l'Australie (34-14), avant de parachever leur phase de groupes avec une première victoire en Coupe du monde arrachée dans les ultimes minutes contre les Fidji (24-23).
De quoi faire tourner les têtes mais "nous essayons de garder les pieds sur terre", confie à l'AFP l'ailier Raffaele Storti, 23 ans, révélation de l'équipe et auteur de trois essais en quatre matches.
Ce fan de Ronaldo refuse toute comparaison. "J'ai ressenti beaucoup de soutien, ce qui n'était pas le cas auparavant, mais je reste humble, je me concentre sur mon rugby et je continue à m'améliorer". Cette victoire "a été une surprise même pour nous. Jamais nous n'avions pensé pouvoir battre une équipe du top 10", reconnaît l'ailier de Béziers (pro D2 française), pour qui il a déjà inscrit seize essais en onze rencontres cette saison.
- Test contre les Boks -
"En termes de performance et de qualité de jeu, les joueurs ont été au-delà de ce que j'attendais", confirme Patrice Lagisquet, dont la mission entamée en 2019 s'est achevée avec le Mondial. "Je pensais qu'on était capables de faire un coup mais garder un niveau élevé et avoir une progression sur les quatre matches, ça a été une surprise."
Le Portugal est désormais convié à la table des grands. La fédération sud-africaine a annoncé la tenue d'un test-match inédit entre les Lobos et les Springboks, le 20 juillet à Bloemfontein.
Mais avant de se frotter aux champions du monde, les Portugais ont rendez-vous avec le championnat d'Europe 2024, qui a lieu en même temps que le Tournoi des six nations. Ils sont dans le groupe de la Pologne, la Roumanie et la Belgique, où ils se déplacent samedi (à 20h00 à Mons). L'ambition est de rejoindre les phases finales et de contester la suprématie de la Géorgie, vainqueur des cinq dernières éditions.
Le défi s'annonce de taille. Plusieurs joueurs cadres ont pris leur retraite internationale comme Mike Tadjer, Samuel Marques ou le pilier Francisco "Chico" Fernandes. Et le staff a été remanié en catastrophe.
- Sélectionneur par intérim -
Nommé mi-octobre pour succéder à Lagisquet, le Français Sébastien Bertrank a démissionné un mois plus tard, pour des raisons d'incompatibilité entre sa fonction de sélectionneur et sa profession en France.
L'Argentin Daniel Hourcade, qui a dirigé les Pumas de 2013 à 2018, a été chargé d'assurer l'intérim pendant le championnat européen. "Daniel a beaucoup d'expérience, il connaît très bien le rugby portugais. C'est une solution temporaire qui a du sens" aux yeux de Patrice Lagisquet.
L'ancien sélectionneur se dit en revanche "beaucoup plus inquiet sur la disponibilité des joueurs" pour disputer ces matches internationaux. Beaucoup n'ont pas le statut professionnel et ont un métier à côté. Quant aux onze qui évoluent en pro D2 française, il craint que "les clubs leur mettent la pression" pour qu'ils n'aillent pas en sélection.
Patrice Lagisquet s'attend donc à "une ou deux années de transition qui serviront à étoffer l'équipe" avant que démarrent les qualifications pour ce qui reste l'objectif majeur: la prochaine Coupe du monde en Australie en 2027.
D.Sánchez--ESF