Six nations: Ange Capuozzo a "passé le cap de l'émotion" contre la France
Le feu follet italien Ange Capuozzo affirme à l'AFP avoir "passé le cap de l'émotion" contre le XV de France, qu'il affrontera dimanche dans le Tournoi des six nations, et reconnaît "un décalage" entre sa popularité et ses difficultés à s'imposer à Toulouse.
QUESTION: Comment avez-vous digéré la Coupe du monde, dont vous étiez l'une des attractions?
REPONSE: "Même si elle nous a pris énormément d'énergie, autant physique que psychologique, ça reste un moment extraordinaire dans la carrière d'un joueur et je n'en garde que des bons souvenirs. C'est un moment qui nous fait grandir dans l'approche de notre sport, de notre préparation, de notre motivation. On a eu des chocs d'adrénaline tellement hauts qu'il y a eu un retour à la réalité derrière. Il fallait digérer cette grosse compétition, mais on a tous été remis plus ou moins vite dans le bain, avec des échéances très importantes et stimulantes en Top 14 et en Champions Cup. Il y a quand même pire comme retour à la réalité".
Q: Sentez-vous un décalage entre votre exposition médiatique et le fait de ne pas être encore complètement installé en club?
R: "Je sors effectivement d'une année 2023 assez éprouvante individuellement. Il y a déjà eu ce premier Six nations, où j'étais forcément attendu après mon titre de révélation mondiale de l'année fin 2022. Il y a aussi eu la découverte du Top 14. Après quelques années en Pro D2, ça fait un grand saut. Et cette blessure à l'omoplate qui m'a privé de la fin de la saison. La Coupe du monde a un gros pouvoir d'attraction, avec énormément de sollicitations de médias, mais aussi d'attentes individuelles. En tant que joueur, on se fixe énormément d'objectifs. On se met beaucoup de pression, ce qui nous éprouve forcément. Oui, il y a un décalage. Maintenant, c'est ce qui me motive aujourd'hui, c'est mon moteur pour continuer à évoluer. Ce n'est pas si évident de s'imposer au Stade toulousain. C'est aussi ce que je suis venu y chercher quand j'ai signé il y a deux ans. Est-ce que je me contente de cette situation? Bien entendu que non".
Q: Votre petit gabarit (1,77 m, 79 kg), assez rare au plus haut niveau, vous expose-t-il davantage aux blessures?
R: "On voit bien aujourd'hui qu'on est tous sujets aux blessures, peu importe le gabarit ou le poste. Mon gabarit fait que je vais peut-être être plus exposé à certaines blessures que les autres, mais moins à d'autres types de blessures. On a beaucoup d'exemples de joueurs très bien préparés, très costauds, qui malheureusement pour eux se blessent. Ca fait partie du lot de notre sport (...) Je n'ai pas été épargné par les blessures. Maintenant, l'objectif est de ne pas subir les situations. J'ai fait évoluer certaines choses après ma blessure à l'omoplate, qui m'a tenu hors des terrains pendant presque cinq mois. Il y a eu une rechute, des sensations que j'ai ressenties avant de reprendre. J'appréhende tout ça différemment aujourd'hui, notamment le fait de prendre soin de son corps, de l'écouter".
Q: En tant que Franco-Italien, le match de dimanche est-il celui que vous attendez le plus dans le Tournoi?
R: "Je pense avoir passé le cap de l'émotion. J'ai désormais déjà joué deux fois contre la France, dans le Six nations et en Coupe du monde. Même si je l'ai coché bien entendu et que ça restera toujours un match à part, je lui donne aujourd'hui la même importance qu'aux autres".
Q: La place de l'Italie dans le Tournoi est régulièrement remise en cause. Comment le vivez-vous?
R: "Le Six nations a toujours été une ligue fermée. Il n'a donc pas vocation à avoir une montée et une descente. C'est une très, très vieille compétition et j'invite les observateurs à jeter un coup d’œil aux archives pour voir les périodes de creux qu'ont pu connaître certaines nations. La France notamment, l'Ecosse... Oui, ça fait un peu plus de 20 ans que l'Italie est dans ce Six nations. Ca peut paraître beaucoup, mais c'est aussi très peu en terme de vécu à l'échelle de cette compétition. C'est peu pour créer une vraie politique, un vrai changement de culture dans notre pays. Pour emmener les enfants de plus en plus tôt dans les écoles de rugby, attirer plus de monde dans les stades. C'est un processus qui prend du temps et je trouve que d'où l'Italie est partie, le chemin a été très vertueux pour en arriver là où elle en est aujourd'hui".
Propos recueillis par Sébastien DUVAL
H.Alejo--ESF