Paris-Nice: Skjelmose prend date avant un week-end potentiellement dantesque
Avant les deux dernières étapes, potentiellement dantesques, le suspense reste entier dans Paris-Nice après la victoire vendredi du Danois Mattias Skjelmose à La Colle-sur-Loup où l'Américain Brandon McNulty a repris le maillot jaune.
L'arrivée sur la Côte d'Azur n'a rien fait pour aider l'épreuve à mériter son surnom de "course au soleil": c'est sous la pluie et dans le froid que Skjelmose, le leader de l'équipe Lidl-Trek, s'est imposé en puncheur devant ses deux compagnons d'échappée, McNulty et un autre Américain, Matteo Jorgenson.
Le trio, qui s'est détaché dans la côte de la Colle-sur-Loup, a passé la ligne avec une cinquantaine de secondes d'avance sur un petit groupe de favoris emmené par Remco Evenepoel.
Le Belge a mené la chasse sans recevoir beaucoup d'aide, malgré quelques relais de Primoz Roglic, l'autre grand favori, qui paraît un peu juste pour viser un triomphe cette année.
"Je suis très content, car c'est ma première victoire sur Paris-Nice et j'adore courir en France", a souligné Skjelmose qui s'estime "plus fort" que lorsqu'il a gagné le Tour de Suisse l'an dernier et sera un candidat pour la victoire finale.
Mais rien n'est fait. Au classement général, cinq hommes se tiennent en une minute avec McNulty qui possède 23 secondes d'avance sur Jorgenson, 34 sur l'étonnant Australien Luke Plapp, 54 sur Skjlemose et 1 min 3 sec sur Evenepoel.
Une minute, c'est à la fois beaucoup dans une épreuve qui se joue parfois à coups de secondes. Mais c'est aussi très peu, vu le week-end qui attend le peloton avec deux étapes compactes - d'une centaine de kilomètres puisque celle de samedi a été rabotée à cause de la neige attendue sur les sommets des Alpes-Maritimes - mais imprévisibles à cause des conditions météo.
- Vents forts et seaux d'eau -
Des vents forts et des seaux d'eau sont attendus sur la région niçoise. "Ce sera super dur et tout peut arriver dans ces conditions", a prévenu l'Espagnol Pello Bilbao. Pour preuve, son coéquipier Santiago Buitrago, deuxième du général vendredi matin, a perdu toutes ses chances dans une chute sur route mouillée.
Au départ, le final de l'étape de samedi avait tout pour être décisive avec un double tremplin, le col de la Colmiane et la montée vers Auron, pour creuser des écarts.
Mais vu les prévisions, les organisateurs ont décidé de raccourcir l'étape qui arrivera toujours au sommet, à la Madone d'Utuelle, mais moins haut (1.165 m) et au bout d'une ascension moins ardue (15,3 km à 5,7% de moyenne).
"C'est la bonne décision, ça risquait d'être trop dangereux et trop extrême", a commenté Remco Evenepoel qui dit "souffrir dans des conditions froides et humides" mais pourrait être avantagé par le profil plus roulant de la montée.
"Ça reste très dur quand même avec une montée qui fait quinze bornes", a estimé le coureur français Clément Champoussin qui connaît par coeur la route menant vers le sanctuaire comme beaucoup de coureurs installés dans la région.
Longue de 104 km seulement, l'étape promet aussi d'être beaucoup plus explosive. "Ce sera plein gaz depuis le départ", anticipe le grimpeur autrichien Félix Gall, 8e au général, qui aurait "préféré une montée plus dure".
"Mais s'il neige, je serai content de l'éviter", a ajouté le vainqueur de l'étape-reine du dernier Tour de France à Courchevel.
Les coureurs ont l'habitude de conditions parfois extrêmes. "Je me rappelle d'une étape de 220 km sur Tirreno-Adriatico il y a trois ans où le thermomètre n'a jamais dépassé les 2 degrés", se rappelait Benjamin Thomas.
"Je m'étais arrêté et c'est un assistant qui m'avait habillé. Et dans la descente j'ai failli tomber parce que je n'arrivais plus à freiner à cause de mes doigts gelés. Pogacar avait gagné tout seul ce jour-là, mais moi j'ai connu ma pire journée sur un vélo", a ajouté le coureur de Cofidis qui espérait ne pas revivre ça ce week-end.
Mais ce n'est pas gagné.
E.Campana--ESF